La Grande Récession
Un autre organisme international majeur a déclaré que l’économie mondiale s’était stabilisée et qu’elle semble prête pour un retour à la croissance. L’OCDE (l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques), dont le siège est à Paris, a déclaré hier que les 30 économies mondiales les plus avancées, après avoir enduré le retournement le plus brutal depuis la Grande Dépression, avaient cessé de se contracter au cours du deuxième trimestre [2009].
Le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, a lui aussi été franchement optimiste, en déclarant : « Le rétablissement [économique] a démarré. Il a toutefois maintenu que des actions délicates de rééquilibrage seront nécessaires, à la fois à l’intérieur des pays et sur le plan international », et qu’il y avait des « blessures profondes » qui prendront des années à cicatriser. De son côté, l’investisseur légendaire Warren Buffet, tout en prévenant que le rétablissement [économique] n’était arrivé que grâce à un « un puits jaillissant d’argent fédéral », a convenu que « l’économie des Etats-Unis a désormais quitté la salle des urgences et qu’elle semble être sur la voie d’un lent rétablissement ».
L’OCDE a déclaré que le PIB global sur la zone de ses pays membres s’était stabilisé entre avril et juin, montrant une minuscule contraction de 0,002 %, un chiffre qui se perd habituellement dans les arrondis. Parmi les sept économies les plus avancées, le Japon mène la danse avec un rebond de 0,9 % de son PIB. La semaine dernière, Eurostat a déclaré que la France et l’Allemagne avaient progressé de 0,3% au cours du deuxième trimestre. L’Italie et les Etats-Unis, ainsi que d’autres économies plus petites, comme l’Espagne et les Pays-Bas, sont toujours en territoire négatif. Cependant, les économistes s’accordent globalement à dire que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se rétabliront cet automne. La contraction [moyenne] des économies du G7 n’a été que de 0,1 % [au deuxième trimestre 2009]. Ces clameurs optimistes arrivent alors que des enquêtes séparées, menées par la Banque d’Angleterre et le CBI, indiquent que le Royaume-Uni a presque certainement connu le pire de la récession et qu’il pourrait bientôt renouer avec la croissance. L’enquête du CBI sur les tendances industrielles a été la moins négative depuis juin 2008.
Richard Lambert, le directeur-général du CBI, a déclaré : « Les fabricants sont confrontés à une demande faible, tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation, et leurs carnets de commandes ont toujours l’air anémique. Côté positif, il semble que le déstockage dans le secteur manufacturier pourrait prendre fin, ce qui offre un signe supplémentaire que l’économie britannique commence à se stabiliser. »
L’enquête des agents régionaux de la Banque [d’Angleterre] a déclaré que la dépense des consommateurs avait continué de se stabiliser et que le rétablissement de l’activité sur le marché immobilier s’était poursuivi, mais que les intentions d’investissement restaient très faibles.
Les minutes de la dernière réunion de la Commission à la Politique Monétaire [CPM] de la Banque [d’Angleterre] ont été publiées hier, indiquant que le Gouverneur Mervyn King et deux autres membres, Tim Besley et David Miles, avaient été battus aux voix sur l’extension du programme de la Banque [d’Angleterre] de quantitative easing [N.d.T. : rachat d’actifs douteux et d’obligations d’Etat, pour injecter des liquidités dans le système et alléger les bilans des banques]. Ils voulaient faire passer ce programme de 75 à 200 milliards de livres sterling [87 à 232 Mds d’euros], 125 milliards de plus, alors qu’en fin de compte ce sont 50 Mds de livres qui ont été acceptés. Leurs arguments : « Les conséquences adverses potentielles d’ajouter un autre plan important de stimulation monétaire pourraient être moins sévères que les possibles coûts qu’une action trop prudente engendrerait. Une politique monétaire de stimulation qui serait insuffisante provoquerait le maintien de l’inflation en dessous de la cible pendant une période prolongée, faisant baisser les prévisions en matière d’inflation. Cela pourrait nuire à la confiance du public vis-à-vis de ce rétablissement, entraînant les hésitations à prendre le pas. »
Aussi optimistes que peuvent être les signes qui émergent mondialement, les économistes ont dit que ces minutes montraient que la Banque [d’Angleterre] ne « prendrait aucun risque ».
George Buckley, le chef économiste de la Deutsche Bank, a déclaré : « C’est la troisième fois que Mervyn King est battu aux voix depuis qu’il est devenu gouverneur en 2003, et c’est la première fois qu’il a voté plus timidement que la décision finale, depuis que la Banque [d’Angleterre] est devenue indépendante en 1997. Il est clair que la CPM ne veut prendre aucun risque avec le rétablissement, sa réaction de fonctionnement semblant plus timide que ce que nous pensions initialement. »
David Kern, le chef économiste de Chambre de Commerce britannique, a ajouté : « A la vue des dangers auxquels les entreprises [britanniques] sont exposées, la CPM devrait rejeter les suggestions de réduire ou de suspendre le quantitative easing », à la lumière de chiffres de l’inflation plus élevés que prévus, cette semaine.
De nombreux observateurs craignent qu’avec la fin du « processus de déstockage », la croissance cale, alors que les consommateurs continuent de freiner leurs dépenses et commencent, tout comme leurs gouvernements, à rembourser leurs montagnes de dette.
« Je pense que nous sommes OK pour les six prochains mois », a déclaré l’ancien président de la Réserve Fédérale, Alan Greenspan, dans une interview à l’agence Reuters. « Nous obtenons un rétablissement dans la construction de maisons neuves et dans l’automobile, mais le processus n’a rien pour s’appuyer. »Traduction [JFG-QuestionsCritiques]